Convaincue de l’importance capitale que revêtait l’acheminement rapide du courrier, tout comme des directives, des décrets et des textes de lois, l’Assemblée élabora une première loi relative à l’entretien des routes au mois de mai 1792 : les départements recevraient une subvention qui leur permettrait d’engager des travaux d’amélioration de la voirie.
Par décret du 16 frimaire an II, on précisa ensuite que les routes principales et les ponts seraient à la charge du Trésor public, les chemins restants à la charge des administrés. Les routes furent répertoriées en fonction de leur direction et divisées en trois catégories: une première pour les 28 routes de Paris aux frontières de la République, une seconde pour les 97 autres plus importantes, et une troisième pour le restant du réseau. En l’an IX, cette classification fut encore précisée pour aboutir, par décret impérial du 16 décembre 1811, à une nomenclature modernisée.
Un autre document témoigne de l’importance accordée au transport du courrier: il s’agit de l’introduction à un texte règlementaire majeur, l’Instruction générale sur le service des postes de 1792. Le vocabulaire et les formulations en sont significatifs:
En 161 pages, ce manuel fixait l’ensemble de la législation postale en vigueur en un corpus de référence, valable pour tout le territoire de la République, y compris bien sûr les départements de Belgique, d’Italie, etc. « réunis » dans les années suivantes. Constitution des dépêches, taxations, acheminement, distribution, tout y était précisé et demeure aujourd’hui un document de référence aussi pour qui collectionne ou étudie l’histoire postale de cette période.
Mais en ce tournant des XVIIIème et XIXème siècles, nombreux étaient les aléas et les périls qui pesaient sur le transport des dépêches… En voilà un petit échantillon…
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Francesco Foschi (XVIII° s.), Paysage sous la neige, Musée des Beaux-Arts de Lille. |
Voici une lettre rédigée le 24 décembre 1808 par le sieur Salvay, directeur du bureau de Pignerol, et adressée à Gaultier, directeur du bureau de Turin. Correspondance de service, elle voyage règlementairement en franchise:
Le texte [1] aborde les très mauvaises conditions météorologiques qui touchent alors la région et empêchent un acheminement normal des dépêches:
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La distance séparant Pignerol de Turin est de 37 kilomètres, mais s’agissant d’une route de troisième catégorie, son entretien dépend des municipalités riveraines et de leurs habitants. Cet extrait de la Carte générale du département du Pô (1807, révisée en 1808) permet de voir la hiérarchie à laquelle nous avons fait allusion plus haut: en rouge, les routes de 1ère catégorie (l’axe Paris – Lyon – Turin – Milan) ; en bleu, la 2ème catégorie : ce sont les routes qui relient les département entre eux; la 3ème catégorie, en jaune, identifie les routes d’intérêt plus local. Le transport des dépêches est assuré, entre Pignerol et Turin, par l’entrepreneur cité dans la lettre de Salvay: il s’agit du dénommé Poliotti qui a soumissionné en mars 1802 auprès de l’Administration des postes, et reçoit une somme annuelle de 2.825 livres pour assurer ce transport à cheval [2].
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Almanach du département du Pô pour l’année 1809. |
L’hiver, en ce mois de décembre 1808, fut particulièrement rigoureux et la presse française en rendit compte. On peut le lire dans cet extrait de l’édition du 4 janvier 1809 du Journal de l’Empire:
Les dangers de la route sont cependant encore bien plus nombreux et divers, pour les voyageurs comme pour les dépêches, en témoigne cette courte revue de presse [3]:
Le Moniteur Universel, 15 février 1802:
Il y avait manifestement un ange gardien pour les sous-préfets !
Le Journal des Débats, 14 septembre 1804:
Et pour finir, revenons au transport du courrier :
Journal de l’Empire, 13 mars 1813
Notes:
[1] Collection de l’auteur.
[2] Robert de Fontaines, “La 27° Division” in Documents philatéliques n°39, revue de l’Académie di philatélie, p. 34
[3] La Bibliothèque nationale de France en permet un accès, sur abonnement, sur le site Retronews.
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